La villa de Muraki.

Dieu qu'il aimait ce village. Ce nom... For The Blood... c'était tout ce qui lui convenait. Il y avait acheté la villa que tout le monde prétendait être hantée, mais quelle importance... il faisait peur à la Mort elle-même.

Ce jour là, il était de bonne humeur, parce qu'il avait rêvé de Tsuzuki. Il avait rêvé qu'il avait enfin réussi à le posséder, entièrement. Quelle jouissance c'était. Nu dans sa salle de bain, il jeta un coup d'oeil au miroir qui lui renvoya l'image d'un homme grand, musclé et attirant. Conséquence de son rêve, il y avait un réaction, là en bas.
Mais il secoua la tête. Il se réservait pour Tsuzuki. Nul autre que lui, pas même une fille de joie, pas même les draps de son lit, n'aurait le droit de recevoir sa semence.
Et à ce moment là, quel délice ce serait. Il en frissonnait d'avance.

- Tsuzuki... Comme j'ai hâte de te revoir.

Il n'était pas loin. Il le sentait. Il était ici, dans cette île, et il le trouverait, et il le ferait sien. Il couperait les ailes de cet ange de la mort, il l'enchaînerait à jamais à son lit. Il ferait en sorte que le beau brun soit entièrement à sa merci.

Lorsqu'il sortit de sa salle de bain, propre, habillé de son plus costume, d'un blanc immaculé, il vit le bouquet de roses qu'il avait acheté la veille dans le vase sur la table de son salon. Elles se fanaient déjà.

- Il va falloir que j'aille en acheter. J'en offrirai à Tsuzuki... Un million de roses, blanches comme du vieil ivoire...

Soudain, il éclata de rire, un rire qui aurait fait frissonner n'importe qui ayant pu l'entendre.

Puis il mit son imperméable blanc et sortit à grand pas de chez lui. Il fallait remplacer ces roses.



[---> Eireannan: boutique de fleurs]

[<-- Appart de Tsuzuki]

Muraki avait fait tout le chemin en titubant. Il avait la tête qui tournait et ne se sentait pas bien du tout. A peine était-il rentré chez lui qu'il s'écroulait comme une masse dans son lit....

Il n'aurait pas du passer tant de temps à attendre devant la porte, avec l'espoir vain que Tsuzuki lui ouvrirait. Un accès de colère le saisit. C'était pourtant pas compliqué, merde! Qu'est-ce que ce brun ne comprenait pas là dedans ? Il le désirait, voilà ! Pourquoi ça ne pouvait pas se réaliser ? Et puis, pourquoi avait-il eu l'air d'y prendre au peu de plaisir, pour soudainement faire volte-face ?

Mais il n'avait pas assez de forces pour trop y réfléchir. Il s'enfouit sous ses couettes, frissonnant, le front en sueur, et tomba aussitôt dans un sommeil mêlé de délire, ou Tsuzuki le narguait, entouré de roses fanées. Sa fièvre n'arrêtait pas de monter.

Muraki se réveilla sans pouvoir dire s'il avait dormi longtemps ou pas - mais en tout cas, c'était en pleine journée et il faisait beau, donc il supposait qu'il s'était écoulé du temps...

Il se leva. Il se sentait beaucoup mieux, même s'il était encore faiblard. Son estomac grondait, mais il sentait qu'il ne pourrait pas avaler grand chose. Il prit une douche revigorante, puis un petit déjeuner, assez pour tenir au moins quelques heures, puis il décida qu'il n'allait pas rester cloîtré chez lui tout le temps. Et puis, Tsuzuki lui manquait, il voulait le voir.

Et aussitôt, il se rappela de ce qu'il avait fait chez lui. Non qu'il le regrettait, mais.... Enfin... si, un peu. Mais juste parce qu'à cause de ça, Tsuzuki l'avait jeté de chez lui.

*En fait, on obtient les choses plus facilement par la douceur que par la force*, réalisa-t-il, stupéfait.

Eh bien, la douceur n'était pas une façon de faire qui lui était coutumière, mais ça valait le coup d'essayer, non?

Enfin, pour l'instant, il allait d'abord aller se balader un peu pour reprendre des forces.

[--> Eireannan, le parc]