Quelques lignes de plus...

On marche seul comme un chien, à l’aveuglette, toujours vers l’avant, avec un œil en arrière Celui qui se souvient, celui qui a tout enregistré, le moindre coup tordu, le moindre mot de travers, la moindre petite trahison (mais, je ne crois pas qu’il y ait de « petite trahison », elles sont toutes grandes pour moi) ou la moindre erreur de parcours. On avance, donc, on suit le chemin même si on a aucune idée de l’endroit où on va. Enfin si, on sait, on connaît la fin du voyage, ce qu’on ignore c’est-ce qu’on va croiser en route. Du bon et du moins bon… Avec une plus grosse proportion de moins bon.
Et les erreurs, nos erreurs, celles que bien d’autres ont fait avant nous, et bien, on les refait sans cesse, on se trompe, on corrige et on replonge, ça n’a pas de fin. Si seulement on pouvait s’arrêter et se dire « ça y est, c’est bon, j’ai trouvé » mais non, il faut qu’on continue en se cherchant des raisons qui, on le pense, tiennent la route, de fausses raisons, rien de plus que des excuses, de vaines gesticulations…
Se contenter de… On ne sait pas faire, il y a toujours mieux, il y a toujours pire. Une chose fonctionne, une autre non, c’est comme ça. Et surtout, on juge pour un oui ou pour un non sans prendre le temps de voir si on ne s’est pas trompé parce que non, on ne peut pas s’arrêter.
Comme des papillons privés de lumière, comme des fleurs sans eau, comme des lézards sans soleil… On est tout ça et on est rien.
Et ceux qui s’écartent du chemin ne font que retomber sur un autre chemin, comme s’il y avait une quantité infinie de routes possibles… Je suppose que c’est le cas.
Mais… Ces trahisons, toutes ces trahisons, dans quel but ?
Et ces mots, ces phrases assénées comme des vérités et qui nous brisent à l’intérieur, d’où viennent-elles ?
Et on avance comme si de rien n’était, comme si tout ça allait s’écrouler à la façon d’un château de sable fouetté par le vent et la mer… Mais les fondations sont solides et ressortent toujours, quoi que l’on fasse pour les oublier. On se cherche un refuge, une échappatoire et, on ne fait que se mentir d’avantage. On esquive, on croit oublier et arrive un jour où tout ça nous revient en plein visage, une larme coulant doucement le long de notre joue.
On est seul sur ce chemin, seul et si entouré… Par tout ce qu’on a vu avant, par tout ce qu’on voit maintenant, par tout ce qu’on verra. Et tout ces visages sur lesquels on ne peut plus mettre de nom… Et tout ces noms sans visages, et le son de ces voix qu’on reconnaît sans savoir à qui elles appartiennent et ceux qu’on ne connaît pas directement mais qui nous ont détruits indirectement… Et tout ces fantômes grimaçant dansant dans la nuit noire, ces coups de poignards dont les plaies restent béantes… Et dansent les corps au bout des branches…
Mais on avance, on essaie de ne pas voir, on refuse, on ignore, on élude mais on sait que c’est là. Ça nous guette dés qu’on n’y pense plus, ça se jette sur nous avide de notre tristesse et ça nous dévore quand on est seul. Les questions, les doutes, les peurs et tout le reste… Nos démons personnels… Nous, eux, là ensemble, assis au bord du chemin, quand vient la fin, quand la route ne mène plus qu’à un seul endroit.