Monument Light/L

5.


[<---Restaurant Ryoutei]


Après quelques errances, Amon, titubant toujours, arriva dans le parc, et plus précisément près du Monument Light/L, une statue rendant hommage au Yaoi, et représentant les 2 célèbres personnages dans une position osée et entièrement nus.

*ma foi, cette ville semble ouverte d'esprit, voilà un bon point*

Epuisé par ses errances nocturnes, il escalada la statue, s'allongea dessus, contempla les étoiles en jouant de l'harmonica, puis s'endormit.

Après plusieurs heures, Amon se réveilla.


*euh... mais qu'est-ce que je fous là, moi ? ... ah oui, me suis endormi dans le parc...*

Il avait un mal de crâne pas possible. Il porta sa main à sa tête. Quand il la porta devant ses yeux, il vit du sang.

*ah ouais... ben maintenant, je sais pourquoi j'ai mal... je suis sûrement tombé de la statue pendant mon sommeil*

Il remarqua également son long manteau noir à quelques pas de lui. Il se leva pour aller le ramasser.

*intact, ouf*

Il entendit tout autour de lui comme des cris d'indignation, et croisa des regards choqués.

*keskizon, ceux-là...

Il remarqua alors qu'il était nu comme un ver.

*oups*

- L'un d'entre vous aurait-il profité de mon corps pendant mon sommeil ? Vous pouvez répondre sincèrement, je comprendrai tout à fait, héhé ! dit-il aux gens qui passaient. Evidemment, aucune réponse, et tout le monde se tenait à l'écart.

- ...alala...

Amon conclut qu'on l'avait dépouillé de ses affaires pendant la nuit. On ne lui avait pas pris son manteau, car il y avait jeté un sort empêchant quiconque de s'en emparer sans son autorisation. C'est qu'il y tenait, à son manteau. D'ailleurs, il l'enfila, et vérifia dans l'une de ses poches secrètes si l'argent qu'il avait gagné par-ci par-là n'avait pas disparu. Il était toujours là. Puis, il décida de se diriger tranquillement vers l'hôpital, pour faire soigner sa blessure au front.

[--> Boutique de Fye D. Flowright.]

Ah, ce monument... il l'avait toujours adoré. On pouvait presque sentir l'amour que se portaient les deux hommes figés dans la pierre.

°Ouais, dis plutôt que c'est parce que tu t'es toujours imaginé qu'un jour tu serais dans cette position là avec Kuro...°
*Nan, c'est pas vrai. Bon, peut-être un peu. Et après, je t'en pose moi des questions?*

Le blond s'assit sur un banc et observa un long moment les étoiles dans le ciel, sans sourire.

*Hé, Yui. Tu crois qu'il va me recontacter?*
°Sérieusement, arrête, grand frère. On dirait une jeune fille amoureuse. C'est flippant.°
*Tu crois que si j'étais fille, il m'aimerait?*
°S'il était une fille, tu l'aimerais?°
*J'arrive pas à l'imaginer autrement que comme un garçon... Mais je crois que je l'aimerais quand même, oui...*
°Ben sans doute que lui aussi alors.°

En vérité, Fye se sentait étrange. Sa vie était si monotone, jusque là, et subitement, elle venait de prendre un intérêt assez conséquent. Il n'arrivait pas à penser à quelqu'un d'autre qu'à Lui.... et la façon dont ses lèvres se glissaient dans son cou... et la façon dont lui, il aimait glisser ses lèvres dans le cou du brun... ça réveillait en lui des pulsions qu'il aurait préféré mourir plutôt que de révéler à Kurogane, car il n'était pas sûre que ce soit le genre de chose qu'il apprécie...

*Yui. S'il apprend, tu crois qu'il me laissera tomber?*
°... J'espère sincèrement que non.°
*Comment tu crois qu'il réagirait?*
°Je ne sais pas. Peut-être qu'il l'accepterait, peut-être pas.°
* ... Alors, il ne faut pas qu'il l'apprenne.*
°Non.°

Yui se tut un instant, puis reprit:

°Fye... tu n'en as pas pris depuis longtemps. Même affaibli, chez Sakuya Hargreaves, tu n'en as pas repris. Tu es faible.°
*Il ne m'en reste plus beucoup...*
°Eh bien tu iras te refournir. Mais il faut que tu en prennes un, grand frère...°

- Oui, c'est vrai.

Il fouilla dans une de ses poches et en sortit un cachet qu'il fixa un instant, avec un mélange de sentiments contradictoires. Puis il l'avala, et soupira, un soupir auquel Yui fit écho, dans sa tête.
Puis il se coucha sur le banc, les bras derrière la tête, et continua à observer les étoiles.

Il s'était encore endormi sans s'en rendre compte. Allez, fallait qu'il se bouge, il allait pas rester là tout le temps.

Et Kurogane, il faisait quoi? Peut-être qu'il était chez lui? Fye avait bien envie d'aller le voir, mais la peur de le déranger le retint. Finalement, il décida d'aller manger un morceau au Ryoutei.

°Encore le Ryoutei?°
*Ben quoi?*
°Et si tu croises Nephel?°
*Bah je lui dirai bonjour. Je suis poli, moi. Allez, on est partis.

[--> Ryoutei]

[<-- Supermarché]

Fye arriva dans le parc avec un air absent.

*Un pique nique, un pique nique...*
°Fye, t'aurais pas abusé des médocs?°
*Yui, tu voudrais aller où, si tu dirigeais mon corps ?*
°Je ne sais pas.°
*Je m'ennuie, tu n'as qu'à prendre le contrôle de mon corps.*
°Euh...°

Avant qu'il aie pu dire un mot, Yui se retrouva propulsé aux commandes du corps de Fye.

- Euh ...

Il fut surpris de constater qu'à l'intérieur de lui, Fye s'était endormi. Comme s'il était trop fatigué pour continuer encore. En soupirant, il mangea le pique nique que Fye avait acheté, jeta les débris à la poubelle et se leva.

- Bon, je vais pas rester ici dix mille ans.

En haussant les épaules, il s'éloigna du parc après avoir jeté un regard à la statue L/Light.

[--> ???]

[<-- For The Blood - Villa de Muraki]

Muraki arriva dans le parc, l'esprit embrumé. Sa douche lui avait fait à peine de l'effet, et il était encore un peu sous l'effet de la fièvre, mais enfin, il parvenait à marcher normalement. Du moins, sans trop tituber.

Il se laissa tomber plus qu'il ne s'assit sur un banc. Devant lui, il y avait la grande statue Light/L, deux hommes nus dans une position assez... suggestive, et il se revit contre Tsuzuki-san, à l'embrasser, à le ....

Oh, non. Ne pas penser à ça. Il ne fallait pas, non.

En soupirant, il contempla le ciel, puis le parc. Il y avait un massif de roses près de lui. Il en cueillit une et la tint dans ses mains.

Muraki se rendit compte que ça faisait un bout de temps qu'il était là et qu'il n'avait pas mangé. La faim commençait à se faire sentir; il était temps d'y remédier.

Il n'était pas connaisseur des bons restos dans les environs, mais enfin au moins, il en connaissait un qui s'appelait le Ryoutei et qui n'était pas mal du tout.

Avec un soupir, il se leva puis s'étira, et se dirigea lentement vers le Ryoutei, l'esprit tourné vers Tsuzuki-san.

[--> Le ryoutei]

[<-- La petite cascade]

Rah, ce foutu gosse! A cause de lui, Tsuzuki était parti. C'était décourageant...

En soupirant, il se laissa tomber sur le même banc que l'autre jour. Et cette fois, il n'y aurait personne pour le déranger, il en était certain.

(Enfin, si ça avait été Tsuzuki, il n'aurait pas appelé ça "déranger" mais bon....)

En silence il contempla la statue, puis s'allongea sur le banc et ferma les yeux. On aurait dit un clochard, sans doute, mais tant pis.

Il marchait encore... Muraki était là, tout près, mais il ne le remarqua pas. Il était déprimé de l'avoir cherché sans le trouver, alors qu'il était arrivé à la cascade sans y penser. A croire que quand il ne le cherchait pas, il le trouvait.

*Le destin arrive toujours par le chemin que l'on prend pour l'éviter... Non?*

Il s'assit sur un banc voisin de celui du docteur. Il pencha la tête en arrière. Tant d'événements en si peu de jours... C'en était étrange quand même.
Mais il n'avait pas envie de réfléchir à tout ça. Il avait presque envie de dormir, mais bon, passer pour un clochard...

Des pas. Qu'il aurait reconnus n'importe où.

Décidément, c'était le destin qui lui amenait Tsuzuki-san sur un plateau. Il n'était pas de force à contrer le destin - et de toute façon, il n'en avait pas envie. Il se redressa et observa Tsuzuki.

Sa tête dodelinait comme s'il était fatigué. Il devait l'être, sans doute, sans compter qu'il ne se sentait pas bien. Et lui non plus. Ils étaient deux pauvres malades.

Mais peu importait. Il se leva et s'approcha de lui lentement, pour ne pas tomber.

- Re-bonjour.

Cette fois-ci, il n'allait pas le laisser partir, oooh que non.

"Re-bonjour... Qu'est-ce que... vous avez fait du gamin?"

- Il était bruyant, alors je l'ai tué et j'ai enterré son cadavre sous un cerisier.

Oui, bon ... Même lui avait le droit de blaguer de temps en temps.

- Je plaisante, précisa-t-il au cas où Tsuzuki l'aurait cru. Il est toujours à la cascade. Et vous, que faites-vous ici ? Je pensais que vous étiez rentré chez vous.

- En fait, j'étais rentré chez moi et puis, aussi étrange que ça puisse vous paraître - et à moi aussi - je m'inquiétais pour vous. Et comme je n'ai aucune idée de l'endroit où vous habitez j'ai marché jusqu'à venir ici.

La lune apparaissait, elle ressemblait à un croissant lumineux, elle était belle, resplendissante...

- Asseyez-vous... Vous n'allez pas rester debout...

Et puis il voulait sentir sa présence... plus près de lui...

"En fait, j'étais rentré chez moi et puis, aussi étrange que ça puisse vous paraître - et à moi aussi - je m'inquiétais pour vous. Et comme je n'ai aucune idée de l'endroit où vous habitez j'ai marché jusqu'à venir ici."

- Ah, vous étiez inquiet pour moi ?

Décidément, il allait de surprise en surprise...

"Asseyez-vous... Vous n'allez pas rester debout..."

Muraki hocha la tête et s'assit à côté de lui.

- Si l'information peut vous intéresser, j'habite dans le petit village au bord de la mer qui s'appelle For The Blood. Même si ça m'étonnerait que vous accordiez de l'importance à cette information, mais bon...

Bien sûr qu'il accordait de l'importance à cette information, il s'inquiétait, et il venait de lui dire!

- Détrompez-vous. Et je vous signale que, dans l'histoire, c'est vous qui avez un coeur de pierre et pourtant vous êtes bien venu vous inquiéter pour moi. A moi que vous ayez encore une idée derrière la tête, comme hier?

Ils étaient assis à côté, et Tsuzuki se sentait étrangement en sécurité, bien... Bon, niveau santé, ce n'était pas le top, mais c'était déjà ça de gagné sur l'état qu'il avait tout à l'heure...

"Détrompez-vous. Et je vous signale que, dans l'histoire, c'est vous qui avez un coeur de pierre et pourtant vous êtes bien venu vous inquiéter pour moi. A moi que vous ayez encore une idée derrière la tête, comme hier?"

- Moi, un coeur de pierre?

Muraki se mit à rire. Ah, s'il savait, ce qui brûlait dans ce coeur de pierre, il ne dirait plus la même chose.

Puis il haussa les épaules.

- Tsuzuki-san, vous êtes vraiment étrange. Je n'arrive pas à cerner si vous m'appréciez ou si vous me haïssez.

Il se tut, attendant la réponse.

"Tsuzuki-san, vous êtes vraiment étrange. Je n'arrive pas à cerner si vous m'appréciez ou si vous me haïssez."

Dans son état, autant qu'il dise ce qu'il pensait de Muraki non?

- Si je vous haïssais je ne me serais pas inquiété pour vous...

Ca lui paraissait évident, mais bon... Muraki était étrange lui aussi...

- Et franchement, je ne sais pas si je vous hais ou si je... vous aime...

Bon, voilà, il l'avait dit, le sentiment qu'il ressentait était sûrement quelque chose qui se rapprochait de l'amour ou alors de la haine. Et puis, qu'est-ce qui pouvait lui arriver? Le regard des autres? Il n'y avait pas "d'autres", et à part ça...?

- Je hais celui que vous étiez hier, enfin, je ne le hais pas, mais il m'effraie et me glace... Et j'imagine que c'est compréhensible... Mais... l'autre... Je ne sais pas si vous vous en rendez compte vous même, mais il vous arrive d'être... gentil. Vous étiez gentils cet après-midi vous savez... Alors je ne sais pas vraiment si je vous hais ou si je vous aime...

Il marqua une pose. Non pas qu'il soit gêné mais...

- Ca doit vous sembler bizarre non? Un type qui n'arrive pas à se décider entre deux sentiments opposés... Et ça doit aussi vous sembler insensé que je vous aime, mais... c'est comme ça...

"Et franchement, je ne sais pas si je vous hais ou si je... vous aime... "

. . .

Nan, ça, il ne se serait vraiment pas attendu à l'entendre sortir de la bouche de Tsuzuki un jour.

- ... Aimer?

"Je hais celui que vous étiez hier, enfin, je ne le hais pas, mais il m'effraie et me glace... Et j'imagine que c'est compréhensible... Mais... l'autre... Je ne sais pas si vous vous en rendez compte vous même, mais il vous arrive d'être... gentil. Vous étiez gentils cet après-midi vous savez... Alors je ne sais pas vraiment si je vous hais ou si je vous aime..."

Son cerveau tournait à plein régime, et pourtant, il ne lui avait jamais paru aussi lent et aussi confus.

- Alors... quand je suis gentil, vous m'aimez...

"Ca doit vous sembler bizarre non? Un type qui n'arrive pas à se décider entre deux sentiments opposés... Et ça doit aussi vous sembler insensé que je vous aime, mais... c'est comme ça..."

Il secoua la tête pour reprendre ses esprits.

- Euh ... non, ça n'a rien de bizarre.

*Comme moi qui n'arrive pas à décider si j'ai envie de vous faire souffrir ou pas.*

- Mais j'avoue que j'ai du mal à y croire, répondit-il simplement.

*Je ne m'y attendais pas du tout, surtout après ce que j'ai fait hier.*

Peut-être que son rêve de voir Tsuzuki entouré de roses n'était plus si éloigné que ça...

"Euh ... non, ça n'a rien de bizarre."

Et pourtant ça l'était. Même Tsuzuki le savait, vu le temps qu'il avait mis à comprendre, ne serait-ce que ce que c'était que l'amour. Alors si, ça devait quand même être vraiment bizarre...
Mais tout ce que pensait Tsuzuki à cette heure c'était...

*Je dois avoir l'air fichtrement con de parler comme ça, mais bon, c'est fait, c'est fait...*

Et là il avait presque envie que le Hisoka dans sa tête parle, parce qu'il se sentait seul... très seul... Ou c'était peut-être juste une idée, mais en tout cas, Muraki avait l'air drôlement perturbé par ces... révélation.

*Tu parles de révélations, digne de paraître dans "Closer"...*

"Mais j'avoue que j'ai du mal à y croire."

- Euh oui... moi aussi à vrai dire.

D'autant plus qu'il n'était pas sûr d'avoir situé exactement le sens d'"amour". Il paraît que quand on est amoureux on le sait. Mais est-ce que ça s'applique aux relations étranges comme celles qu'il entretenaient avec Muraki? Sûrement pas...

*Il arrive que les victimes de viols, si elles voient régulièrement leur violeur en tombent amoureuses...*

Sauf qu'il ne s'était pas fait violer, il avait réagit avant...
Et puis il devait arrêter de réfléchir, c'était une réflexion sans fin...

"Euh oui... moi aussi à vrai dire."

Muraki eut un sourire. Le genre de sourire à faire froid dans le dos.

*En fait, il se fiche de moi, là, non?*

Partis comme ils étaient, ça lui paraissait impossible que Tsuzuki lui révèle comme de but en blanc que paf, il l'aimait. Il décida de le tester.

- Donc vous êtes en train de dire que vous m'aimez.

Même quand c'était lui qui le disait, il ne parvenait pas à y croire.

- Donc techniquement, si je vous embrassais, vous seriez heureux.

C'était une conception très basique de l'amour, mais enfin, il avait envie de l'embrasser, alors basta. Ce qu'il fit, d'ailleurs, avant d'attendre la réponse de Tsuzuki. Il se pencha et posa ses lèvres sur les siennes.
Et comment il allait réagir, maintenant ?

"Donc vous êtes en train de dire que vous m'aimez."
*Bin oui...*

"Donc techniquement, si je vous embrassais, vous seriez heureux."
*J'imagine que oui... A vrai dire, j'en ai même rêvé, mais ça, je ne vous le dirai pas...*

Et c'était vrai, le contact de ses lèvres, c'était... Il ne savait pas trop, cela faisait partie des choses qui ne se décrivaient pas... Un léger frisson le parcourut, mais il n'en laissa rien paraître, ça décrédibilisait un peu ce qu'il venait d'avouer... alors qu'il était très sérieux! Il ferma les yeux...

Muraki le regarda se lever... et s'écrouler tout aussitôt. Il le rattrapa de justesse et l'assit sur le banc.

- Ah, la la, Tsuzuki-san, dit-il d'une voix pleine de tendresse. J'ai comme l'impression que vous ne savez pas ce que vous voulez.

Mais enfin, le moment n'était pas aux considérations romantiques. Visiblement, Tsuzuki était encore malade. Muraki appuya sa main glacée sur son front brûlant, dans l'espoir de l'apaiser un peu, puis l'allongea sur le banc et posa sa tête sur ses genoux, sa main toujours son front pour le soulager.

- Vous êtes fragile, vous...

Il mit une main sur son front. Rien... ou du moins, rien qui puisse ressembler à un impact de balle, ou quelque chose du genre...

Sauf que... sauf que... il ne se rappelait pas ce qu'il avait fait les deux dernières heures... Il se rappelait être sortit pour chercher Muraki et... il était juste devant lui...

- Qu'est-ce que... qu'est-ce que vous faites là?

Il se sentait complètement perdu, il savait où il était, mais il ne savait pas pourquoi ni comment il était arrivé...