Bon, j'ai tenté un truc joyeux... et, malgré le peu de temps que j'ai eu aujourd'hui, voila ce qui est sorti....
Je suis assis sur mon lit, ce grand lit que nous partageons des fois, guitare en mains. J'égrène quelques accords, des bouts de chansons de Eels et je repense à tout. Je n'arrive pas à m'empêcher de penser. Mettre tout ça en panne et vivre, tout simplement.
Chaque titre que je joue me rappelle quelque chose.
Climbing To The Moon par exemple me ramène quelques années en arrière quand nous nous écrivions ces longues lettres où nous nous déchargions de toutes nos pulsions. J’ai toujours les tiennes, là, quelque part. Je ne sais pas exactement où mais le fait de savoir que je les ai me suffit. Ta petite écriture fine et compliquée, les petits dessins dans les marges et tes phrases pleines de sous-entendus. Un de nos points communs cet amour des sous-entendus. Tu écrivais toujours à l’encre noire… Et, je me souviens aussi du parfum qui émanait des enveloppes que je recevais…
Avant ça, la première nuit ensembles, tu t’en souviens ? De Grace Kelly Blues jusqu’à Selective Memory. Cet album je ne l’écoute plus, tellement il est chargé de ton odeur. Chaque chanson me rappelle le goût sucré de ta peau. Et il est toujours là, peut-être que le garde exprès pour toi.
Tu avais raison quand tu disais que j’avais l’art de trouver chaque petite chose importante et de me foutre complètement de tout ce qui ne devait pas l’être. C’est ce qui a précipité notre chute je crois. Particulièrement la mienne.
A ce moment là, ce qui me revient c’est Your lucky day In Hell. Quand quelque chose va de travers, tout le reste suit, c’est comme ça.
Je lâche ma guitare et attrape la bière posée sur le sol au pied de mon lit. Même cette bière à un petit goût de toi. Les nuits passées à boire ensemble un peu partout. Tes amis, les miens. Tu buvais à même la bouteille et si une goutte coulait le long de ta bouche, je la récupérais… Un petit jeu amusant.
Je reprends la guitare et esquisse un Trouble With Dreams mais là, ce sont des cauchemars qui reviennent et les nuits sans sommeil, les yeux ouverts dans l’obscurité, chaque muscle qui s’agite dans l’espoir de réussir à dormir. Me demander où et avec qui tu étais… Ce genre de choses… Tout le monde connaît ça.
Après, il ne me restait plus qu’à soigner ma dépression avec Electro-shock blues. La catharsis. Cet album qui ne parle presque que de mort, de perte de quelqu’un qu’on aime et de la s stupidité du monde dans lequel on évolue. Tout est là. World Of Shit n’avait jamais eu l’air aussi juste. « In this world of shit, baby you are it, a little light than shines all over…”
Je n’ai évidemment pas la même voix que le chanteur du groupe mais, j’ai le sentiment que nous avons traversé les mêmes épreuves lui et moi.
Et tu es revenue, comme ça, et j’ai pensé à I’m Going To Stop Pretending That I Didn’t Break Your Heart. Et nous avons recommencé, nous n’avons rien changé. C’est étrange cette façon d’oublier que nous avons. Pouvoir tourner la page.
Et je continue à jouer et les accords se succèdent jusqu’à ce qu’elle revienne. Elle prend ma bière, boit quelques gorgées et reste là, assise un sourire aux lèvres en m’écoutant jouer.
J’ai l’impression d’y être encore alors que, tout ça est fini de nouveau… définitivement.
Mar 12 Juin - 20:07
