Ah ah ah en cherchant ce que j'avais écrit de "potable" je suis tombé là-dessus... je me souvenais pas de ça... allez, je le mets ici lol
Je n’avais jamais été quelqu’un de chanceux…
En fait, pour résumer, on pourrait dire que ma vie n’a été qu’une trajectoire descendante jusqu’au comptoir de ce bar.
L’endroit en question est un bar miteux situé dans un quartier sordide dune ville pourrie.
Par association d’idées, on dirait immondice.
On dirait puanteur.
On dirait crasse.
On dirait putes, camés, clodos, rats.
On penserait à toute cette faune qui ne se déplace que la nuit.
Et on ajouterait les paumés, comme moi.
Il est toujours bon de savoir qu’il y a un endroit où vous êtes anonyme, même si ce n’est pas le cas.
Par association d’idées, on dirait secret.
On dirait planque.
On dirait trou.
On dirait amnésie.
Le mec derrière le comptoir a la tête de quelqu’un qui vu des choses qui font que maintenant, s’il se retrouvait face à face avec un gorille coiffé dune perruque blonde, les narines pleines de coke, agitant un couteau de boucher en criant des insultes sur sa mère, et ben, ce barman garderait son sang froid.
Par association d’idées, on dirait ours.
On dirait déménageur.
On dirait bloc de glace.
Sur ma droite, il n’y a personne.
Sur ma gauche, une femme trop maquillée pour être honnête. Le genre à sortir la facture une fois que tu as fini de la sauter à l’arrière de ta bagnole. Une femme puant la sueur rance, le parfum bon marché et le cuir usé des sièges auto.
Elle sirote un whisky sans glace la tête appuyée dans ses mains. Ses yeux sont perdus là-bas, quelque part mais, ils reviendront.
Par association d’idées, on dirait tristesse.
On dirait égarement.
On dirait désillusion.
Toutes ces petites filles qui croyaient au prince charmant et qui maintenant ne croient plus en rien. La réalité bousille pas mal de gens.
La raison pour laquelle je suis ici est que ma vie ne ressemble à rien.
La raison pour laquelle je suis ici est que j’ai tout raté depuis le début.
La raison pour laquelle je suis ici est que je me suis préoccupé de ce qui aurait du être important au mauvais moments.
Imaginez que vous êtes à l’école primaire. Au lieu d’apprendre à écrire, vous dessinez. Au lieu d’apprendre à compter, vous préférez détruire des colonies de fourmis.
Ensuite, vous êtes au collège. Quand vos camarades apprennent ce qui se passait dans les camps de concentration, vous êtes en train de glisser votre main dans la culotte d’une fille de douze ans.
Je m’arrête là, vous voyez le concept.
On dirait perte de temps.
On dirait nuisible.
On dirait négligeable.
Et finalement, j’en savais plus que tous les autres élèves. J’avais étudié tout seul mais je n’avais aucun diplôme, aucun papier prouvant au monde que je n’étais quand même pas un analphabète complet de plus.
J’ai horreur de la paperasse.
Et je suis en train de parler de ça, tout seul, dans ce bar… N’importe quoi. Se parler à nous mêmes… On est tous un peu schizophrènes.
De derrière moi me parviennent quelques notes de piano. Oh, je ne me retourne même plus, je le connais. Il est ici souvent et il joue plus pour lui-même que pour les clients.
Le proprio devait se dire que ça rehausserait le niveau de l’endroit d’engager un pianiste.
Rien n’a changé.
On dirait pareil.
On dirait figé.
On dirait photographie en noir et blanc.
Toujours les mêmes personnes toujours aux mêmes places. Une sorte de musée de cire de la déchéance humaine.
En cet endroit si… kitch… baroque. Mettez nous des perruques blanches et regardez nous glisser lentement vers une mort forcement honteuse.