... de trouver l'inspiration... quelque chose de court (à l'interêt limité)
L’homme est assis dans le bar, un verre à moitié vide devant lui. Il n’y a personne d’autre autour. Du moins, personne à qui il ait envie de parler. Penché sur son verre, il revoit sa vie. C’était pourtant bien parti : une famille, quelques amis, une grande maison toujours ouverte, pleine de vie. Et puis, comme rien ne va en s’améliorant tout est tombé en lambeau.
Il cherche dans ses souvenirs, piochant ça et là quelques images, quelques sons qui le ferait se sentir vraiment vivant. Mais, il ne lui reste pas grand-chose de son passé. Ses souvenirs se sont effacés petit à petit, le laissant chaque jour un peu plus seul.
L’image de son père quittant la maison pour ne plus revenir.
Celle de sa mère refaisant sa vie, ailleurs.
Et, il était fils unique.
La maison fut vendue.
Avec les souvenirs qui s’y rattachaient.
Avec des fragments de sa vie.
Son premier appartement, dans le centre.
Le jour où il se mit à boire, de temps en temps d’abord puis, de plus en plus souvent.
Les nombreux cahiers où il écrivait ce qui lui passait par la tête puisant dans son histoire. Eux sont plus fiables que sa mémoire et, il s’y plonge quand le cœur lui en dit. Un verre à la main, un verre après l’autre.
Il avait marché jusque ici, la tête basse, terrassé par le poids de son existence mais, c’est pareil pour tout le monde. On avance, quoiqu’il se passe, nous attardant sur les petits incidents de la vie. Et on pousse la porte d’un endroit comme celui-ci. Murs sales, chaises en mauvais état. Un juke-box datant du siècle dernier bourré de chansons d’une autre époque
L’homme se lève et se dirige vers les toilettes crades, à l’image du reste de l’endroit. Se soulageant ici, comme tant d’autres avant lui. Et à vrai dire, peu importe le lieu, il est ici comme chez lui.
En sortant, il s’arrête devant le juke-box y glisse une pièce et choisit une chanson des Zombies. Il n’y a qu’ici que l’on peut écouter ça.
La musique couvre à peine le bruit de la télé diffusant un match de foot. Reste concentré sur les notes, reste concentré sur les paroles.
L’homme vide son verre comme si c’était le dernier, celui du condamné à mort. D’un geste, il fait signe au barman de le resservir. Un de plus, un de plus, un de plus.
Il repasse dans sa tête les derniers jours. Quand elle était encore là, avec lui. Souriant à la moindre phrase sortant de sa bouche. Un sourire un peu triste mais qu’il comprenait puisqu’il avait le même.
De sa poche, il tira son paquet de cigarettes et en alluma une. Le regard maintenant tourné vers les volutes de fumée qui s’envolaient puis disparaissaient, il la voyait elle, qui partait sans même donner d’explication.
Oh, il l’avait revue elle, avec le type qui le remplaçait et en fait, il espérait qu’elle lui ferait subir la même chose à lui aussi. Une autre victime peut-être… En fait, il n’y croyait pas et elle lui renvoyait son bonheur dans la gueule plus durement qu’un uppercut dans la mâchoire Combien de fois il avait voulu lui briser une bouteille sur le crâne à ce type… Combien de fois…
La musique glissait lentement dans l’air et son verre se vidait sans qu’il ne s’en rendre compte. Le temps passe différemment dans ce genre d’endroit. Il s’étire, s’allonge, se tort jusqu’à s’adapter au cours de nos pensée. Quand on immergé finalement, se demandant de puis combien de temps nous sommes assis là, on sait qu’il est l’heure de repartir. Mais lui, il n’a aucune envie de partir. Ce bar, ici et maintenant, lui permet d’échapper quelque peu à ce qui l’attend dehors. Un havre de paix.
L’homme cherche dans sa poche de quoi payer, il pose l’argent sur le comptoir et se lève. Même pas besoin de vérifier il a fait ça tellement souvent. Il sort du bar et s’arrête devant la porte. Deux heures du matin, encore. C’est comme s’il était toujours deux heures du matin. La seule heure dont il se souvienne précisément Il allume une autre cigarette et part.
Personne dans les rues, comme toujours.
Il fait froid.
Du vent, glacé qui le fouette au visage.
Peut-être de la pluie plus tard.