Un petit texte, sans grand interêt autre que d'exister...
Je suis là, assis au soleil avec un verre de jus d’orange agrémenté de quelques centilitres de rhum. La vie étant ce qu’elle est, il n’y a que comme ça que je me sente vraiment bien. Ça ou les bras d’une femme mais, ma solitude ne me permet pas de m’offrir ce luxe.
Le rhum est vieux et a un petit goût de poussière mais je ne dirais pas que c’est désagréable bien au contraire. La patine du temps est quelque chose d’important à mes yeux. Je me dis que c’est peut-être pareil pour tout le monde, on cherche ce qui a déjà un peu de vécu, ce supplément d’âme qu’on ne trouve pas forcement partout mais qui entoure d’une aura de vie ce qui est nécessaire
Le soleil tape fort à cette période de l’année et je me surprends à sourire en pensant aux jours de froid qui sont maintenant derrière moi tout en en sachant qu’ils reviendront bien trop tôt et que cette chaleur devra attendre un cycle complet avant de revenir. C’est la vie, comme on dit… Ou, comme je me plais à le dire parfois, son cosas de la vida.
Le temps passe lentement, je ressens chaque seconde qui passe, je vieillis, je le sais, bientôt, je ne pourrais plus me permettre de vivre cette vie faite de nonchalance, de détachement, que je vis aujourd’hui. Ce sont mes dernières heures, il faut que j’en profite.
Au loin me parviennent les cris d’enfants jouant au soleil comme je le faisais avant quand rien de ce qui se passait autour de moi ne m’atteignait. Je ne regrette pas particulièrement cette époque, aucune nostalgie chez moi, peu de regrets, c’est le principal. On ne devrait pas avoir à vivre avec des regrets. Lentement, ils nous étouffent et nous tuent. Tue la tête et le corps mourra.
Supplément d’âme comme je disais plus haut. Je me suis aperçu que, à chaque instant, je cherchais quelque chose auquel je pourrais me rattacher pour ne pas oublier l’instant présent. Quelque chose, un son ou une image, peu importe, les souvenirs sont ce qu’il y a de plus important. Garder une trace, quelque chose. Se rappeler.
Ma mémoire n’est malheureusement pas ce que j’ai de plus fiable. Il m’arrive d’oublier énormément de choses, des endroits que j’ai vus ou des mots que j’ai entendus, ou prononcés. Ma vie d’excès doit être responsable de ça. Trop. Oui, trop, c’est un mot qui résume assez bien celui que j’étais. Il m’en fallait trop. Je ne connaissais pas la demi-mesure. Mais en même temps, il faut être excessif parfois pour se rendre compte de certaines choses, de leur importance. « Importance », c’est un mot qui revient très souvent dans ce que je dis, tout est affaire de sensibilité. Moi, j’attache énormément d’importance à ce qui justement n’est pas « important », les petits fait, les détails. Il y a parfois plus de vie dans un ciel étoilé que dans la vision d’une foule massée dans une rue de n’importe quelle ville ici bas. Le trop est l’ennemi du bien, il parait. Question de point de vue ici encore.
Alors à quoi ressemble ce texte à ce moment précis ? A rien de particulier, juste quelques réflexions lancées au hasard sur la page… Rien de plus…
Donc, qu’est-ce qui est important pour moi à l’instant précis ou j’écris ces quelques mots ? Tout simplement de saisir l’importance (encore) de sentir le temps qui passe (mais ce qui est simple n’est pas forcement ce qui est facile)… Ce qui est important, c’est que je sois là, verre à portée de main, temps glissant sur moi avec la douceur d’un serpent, chaque seconde s’égrainant avec la froideur du sable s’échappant de la main, tombant sur l’herbe froide, entre les rayons de soleil d’aujourd’hui et d’hier et, je l’espère, de demain.