Appartement de Kyoïchi Otomo

Il venait encore d'essuyer une dispute avec Imagasé. Enfin... une de plus, une de moins. Il était partagé.

D'un côté, il n'était sûrement pas homo! Il se pensait sincèrement.
D'un autre côté, il ne pouvait pas rester indifférent devant celui qui revendiquait pour lui un amour sans borne.

Tout ça à cause du chantage idiot auquel il avait cédé. Il n'aurait jamais dû accepter, d'autant plus que sa femme et lui avaient fini par divorcer. Il s'en voulait... et puis comme il en voulait aussi un peu à sa femme, ça aurait au moins pu lui montrer, lui prouver que non, il n'avait pas passé sa vie à l'attendre et à lui faire dépenser SON argent.
Mais bon... il savait très bien que tout cela était de sa faute, parce qu'il ne savait pas dire non, et parce qu'il était indécis et "retors" comme dirait Imagasé.

Et maintenant il se retrouvait tout con, à écouter "Angie" dans sa chambre. On aurait presque dit une fille qui revenait d'un déception amoureuse. Pourtant, c'était loin d'être une déception amoureuse, juste une dispute... comme d'habitude. Décidément, on s'habituait à tout. Même à se laisser sucer par un homo quand on est hétérosexuel.

Et puis il y avait Natsuki. Elle semblait l'aimer, elle aussi, mais... malgré sa beauté et sa fraîcheur, Kyoïchi la trouvait un brin manipulatrice... Mais il ne savait pas dire non, alors il l'avait baisée, comme ça...

Voilà où en était sa vie.
A part ça, il avait un emploi plutôt stable, un appart' corect, bien qu'assez vide et très sobre et puis, c'était tout...
Et après on dit qu'il faut profiter de chaque instant, mais quand on a pas de quoi profiter, on se sent quand même vachement plus con.

1.

Kyoïchi était là.

*Juste derrière cette porte.*

Il était là, et peut-être, avec un peu de chance, pensait-il à lui.

*A nous.*

Peut-être qu'il était en train de se rappeler la façon dont il l'avait embrassé.

*Là où je voulais...*

Incapable d'attendre plus longtemps, il frappa à la porte. Il avait envie de le voir, vite, il avait envie de sentir son odeur, l'odeur de sa peau, l'odeur de Kyoïchi Otomo, il avait envie de la respirer sans jamais s'arrêter...

Vite, qu'il ouvre cette porte.... Vite....

Il entendit un léger bruit, un truc comme... un écureuil qui grattait à la porte. Sauf que l'écureuil en question, c'était Imagasé. Mais Kyoïchi n'y pensa pas et ouvrit la porte.

- Qu'est-ce que tu fous là? On viens pas de se disputer? Ou alors tu viens chercher tes affaires?

Il était gentil Imagasé, mais un peu... obstiné. Comment faire pour lui faire comprendre qu'il n'était pas homo, et même pas du tout?
Pourtant il y avait bien quelque chose en lui qu'il aimait... Qu'il appréciait du moins...

2.

- Qui dit dispute, dit réconciliation, décréta Imagase d'un ton docte. Alors je suis venu pour la deuxième partie de la dispute.

Il s'approcha de Kyoïchi.

- C'est vrai aussi que j'ai oublié quelque chose.

Il ramassa son paquet de cigarettes sur la table et le fourra dans sa poche.

- Mais maintenant que je suis là, tu n'aurais pas le coeur de me jeter dehors, n'est-ce pas? Surtout par cette pluie...

Il eut son sourire à lui, un mélange de tendresse et d'ironie, et se pencha pour embrasser Otomo.

- Kyoïchi-sempai... murmura-t-il tendrement.

Comme d'habitude, il se faisait squatter sans ficher dehors Imagasé.
Il devait forcément l'aimer si il ne le jetait pas dehors? Il se sentait vraiment con...

- Cherche pas, je protège mon cul...

Mais il se laissa embrasser, comme d'habitude... C'était toujours comme ça. Et puis après, si Imagasé avait envie de lui - quoiqu'il avait toujours envie de lui - il essaierais de lui faire l'amour, plus ou moins sauvagement. Et là il ne se laisserait pas faire, ou du moins il ferait ce qu'il pourrait, mais une chose était sûre, il protégerait son cul...

- Aaah, dit-il en souriant. C'est toi qui ne penses qu'à ça, Kyoïchi-sempai. Je n'avais même pas encore abordé le sujet.

Mais tout de même, il en avait tellement envie. Pourquoi est-ce qu'il ne voulait pas, nom d'un chien ? C'était si différent que de se faire tailler des pipes ? Et combien de temps devrait-il attendre ?

Enfin, surtout, il ne voulait pas lui faire peur. Pour l'instant, un baiser. Ah, ces lèvres... Il passa ses bras autour du cou du brun.

- Pourquoi tu ne te laisses pas faire, sempai ?

Il la savait bien, la raison, Kyoïchi ne voulait pas devenir gay. Mais enfin ... lui ne voyait pas ce qu'il y avait de si terrible là dedans. Et il l'aimait tellement... Si seulement Kyoïchi pouvait lui rendre ces sentiments, même si c'était juste un millième ...

- Parce que je ne suis pas gay, pas comme toi!

Il marqua une pose et le regarda dans les yeux.

- Et puis tu me roules des patins sans que je proteste, tu me taille des pipes sans que je proteste, et t'es pas content?

Bof... c'était presque comme si il s'en foutait, l'habitude.
Chez lui, tout semblait question d'habitude. C'était pour cela qu'il voyait Natsuki et qu'ils allaient ensuite se prendre une chambre dans un hôtel, c'était pour ça qu'il laissait Imagasé rester et c'était pour ça qu'il restait à stagner dans cette pette vie minable...

"Et puis tu me roules des patins sans que je proteste, tu me taille des pipes sans que je proteste, et t'es pas content?"

- Parce que je devrais être content? rétorqua Imagase, les dents serrées. Quand la première fille venue parvient à obtenir de toi ce que j'essaye d'avoir depuis dix ans ? Tout ça parce que c'est une fille!

Et voilà qu'ils en revenaient à leurs sempiternelles disputes. La paix n'avait même pas duré deux minutes.

- Tu fais vraiment exprès de ne pas comprendre! cria-t-il.

Il reprit son manteau et s'éloigna.

- Porte toi bien. Adieu!

En colère, il claqua la porte de l'appartement.

[---> ???]

Et voilà, à peine arrivé il était déjà partit. Et son éternel adieu qui résonnait encore dans le crâne de Kyoïchi.

Et puis de toute façon il reviendrait dans pas longtemps, comme toujours...

Ne pas comprendre... Mais quand comprendrait-il qu'il n'était pas homo! Il avait déjà de la chance qu'il se laisse faire... jusqu'à un certain point. Il n'imaginait pas à quel point c'était étrange et parfois gênant de se retrouver dans ces situations et pire, d'y prendre, ne serait-ce qu'un peu de plaisir...

Mais il était un peu triste...

Et merde! Il se sentait coupable! Il se sentait coupable de l'avoir laissé partir comme ça et de l'avoir encore traité de sale homo, ou du moins ce qu'il avait plus ou moins sous-entendu.

Il alla dans le salon, ça puait le tabac froid. C'était encore Imagasé, il aurait du arrêter de fumer, la clope c'était nocif et c'était prouvé.
Mais il disait toujours qu'il était stressé quand il ne fumait pas...

Bon et puis il n'allait pas se laisser attendrir. Après tout, rien n'était de sa faute, il n'était pas de son bord, et puis voilà.

Et pourquoi il pensait encore à lui. Natsuki aurait tout fait pour lui, elle aussi. Ou du moins, c'est ce qu'elle prétendait, et c'était une fille, elle au moins.

Il s'allongea et s'endormit... Pendant seulement quelques minutes, il se réveilla peut après en sueur. Il venait de rêver qu'il... qu'il couchait avec Imagasé, et que celui-ci avait un corps de fille.

*Quel rêve égoïste!*

Mais c'était comme ça. On était homo, ou on ne l'était pas. Du moins c'était ce qu'il se répétait pour ne pas se sentir coupable...

Il avait envie de prendre l'air. Pourquoi pas... un resto? Ouais, un resto tiens!

Il décida de flâner un peu avant d'aller au Ryoutei. Ca lui ferait du bien de prendre l'air, et puis ça lui rafraîchirai les idées.

Il s'habilla un peu mieux et puis sortit dans la rue.

(--> rue)

(<-- Hokkaido)

Il était revenu et il se sentait mal. D'instinct il se dirigea vers les toilettes et vomit. C'était la première fois qu'une dispute lui faisait autant de mal. Il en pleurerait presque.

Pourquoi c'était toujours lui qui avait un problème.
Un coup il était indécis, un coup il ne savait pas dire "non", un coup il avait tort parce qu'il était hétéro!

Il vomit à nouveau... Il devait aller se coucher.
Dans un film, tout irait mieux le lendemain, dans un film il deviendrait homo, stopperait la tromperie de Natsuki et finirait avec Imagasé sans se soucier des lendemains.
Mais on n'était pas dans un film et il en avait marre...

Bon... il avait un peu faim... et chez lui il n'y avait rien...
Alors il ne restait plus qu'une solution nommée "restaurant".
La solutiotn qu'il avait décidé de choisir quelques minutes avant. Mais il était revenu chez lui après la dispute... Par habitude...

(--> Rue)

(<-- Rue)

Il entra, fit quelques pas, et s'écroula sur son lit... Il n'aurat pas du choisir Natsuki, il se sentait con, vraiment très con.
Et puis Imagasé ne voudrait sûrement pas le revoir après ce qu'il avait fait. Il referait sa vie avec un autre homme. Un homme qui l'aimerait autant qu'on pouvait l'aimer, qui serait attentionné, qui... qui serait l'opposé de Kyoïchi finalement...

Il se sentait ignoble... Complètement vidé. Et dans l'appartement... une odeur de tabac froid flottait...

Une heure... deux heures... trois heures...
Et rien ne changeait, absolument rien, enfin si, il était de plus en plus mal et il se sentait de plus en plus seul.

Alors qu'il se décidait à enlever sa veste, une carte tomba. Dessus, le numéro personne d'Imagasé!
Il n'avait plus qu'à téléphoner, s'excuser, et puis Imagasé viendrait chez lui et puis...

Il prit le téléphone et composa le numéro...
"Le numéro que vous venez de composer n'est pas attribué."
Comment ça pas attribué? Cette carte, c'était quand même pas un fake!

Qu'est-ce qu'il lui restait maintenant? Son adresse...
Mais si ce n'était pas le bon numéro, ça voulait dire qu'Imagasé l'avait lui même fait changer... et qu'il ne voulait plus le voir...

(deux semaines plus tard)

Ca faisait deux semaines qu'il se morfondait... Deux semaines qu'il voyait Natsuki, qu'ils dînaient dans un restaurant correct et qu'ils prenaient ensuite une chambre, deux semaines qu'elle planifiat leurs vacances...

Mais aussi deux semaines qu'il dormait mal, deux semaines que l'odeur de tabac froid flottait dans le salon, deux semaines qu'il pensait à lui en faisant l'amour...

Bref, rien n'allait... Absolument rien. Il pensait arriver à oublier Imagasé en sortan avec Natsuki, il pensait même être en quelque sorte libéré, mais il n'en était rien, il se sentait seul et désemparé...

Il n'était plus sorti, à part pour faire les courses, et encore qu'il s'était fait livré la plupart des fois.

Alors quoi? Il ressemblait à une larve, il ne faisait plus rien, il ne dormait plus, il passait ses nuits tel un mort sortit de sa tombe... Il était pitoyable, et il se savait, mais que pouvait-il faire.

Il était tout blanc et se dit qu'il devrait sortir... Peut-être juste prendre l'air, comme il le faisait souvent il y a quelques temps.

Il s'habilla - il ne se souvenait même plus si il avait changé de vêtements depuis, ou si il avait pris une douche, ou... - prit ses clés et sortit...

(--> place de la fontaine)

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