Chambre de Lloyd

Cela faisait plusieurs heures que le soleil était levé. Lloyd lui-même ne s'était éveillé qu'une heure auparavant. Les yeux encore embués de sommeil, il se tenait accoudé à l'épaisse rambarde de bois brut du balcon de sa propre chambre. Lloyd bailla élégamment et se frotta les yeux de ses poings fermés ; la réverbération du soleil sur le sable le faisait pleurer.. Il mit un temps infini à s'habituer à la forte luminosité. Finalement, il laissa son regard errer sur la vue splendide qui s'offrait à lui depuis son perchoir. Monté sur pilotis, sa chambre se situait dans un bungalow dont il ignorait s'il le partageait avec d'autres ou s'il était seul dans le lieu. Autour de lui, la végétation se mélangeait aux palmiers et aux plate-bandes plantées par l'homme pour mettre un peu d'ordre dans le désordre inné de Dame Nature. Lloyd ne connaissait pas les noms de chacune des plantes qui exposaient leurs feuilles à son regard entrainé par toutes les connaissances dont lui avait part son ami Kevan. De part et d'autre du bungalow, la végétation était épaisse. Il devait en être de même sur l'arrière. Cependant, au-dessous de son balcon et ce jusqu'à la mer, quelques centaines de mètres plus loin, les palmiers étaient maîtres des lieux. Leur troncs longilignes et courbes s'élançaient vers le ciel vierge de tout nuage. Leurs feuilles déchirées et sombres se détachaient très nettement et dansaient doucement. A travers les troncs, il parvint à discerner la mer. En fait, Lloyd n'avait jamais vu la mer ni même foulé le sable de ses pieds. Jusqu'ici. Lui qui n'avait pas pour habitude de se laisser étourdir pas quoi ou qui que se soit, ne pouvait cependant pas s'empêcher de rester en admiration devant la douceur du sable entre ses doigts de pieds ou devant les couleurs paradisiaques de cette beauté bleue, agitée faiblement par la brise matinale.

Reportant son regard sur le paysage s'étendant à ses pieds, il aperçu un caméraman se presser entre les les palmiers et les longues feuilles des plantes. Cela lui fit penser que dés qu'il aurait passé la porte de sa chambre, plusieurs de ses personnes se baladant avec une caméra lui tomberait dessus et le suivrait partout où il irait. Sa chambre était peut-être le seul lieu où les caméras ne pouvaient entrer. Cela le fit doucement rire. La chambre était bien le seul lieu où tout ce que cette émission cherchait à dévoiler pouvait se dérouler. Se détournant de la vue, Lloyd resta néanmoins accoudé à la rambarde. La chambre était plutôt spacieuse. Un lit deux places aux larges dimensions drapés de draps blancs, les montants en bois exotiques. Ce même bois habillait tous les meubles de la pièce ainsi que les murs. Laissant glisser son regard d'un coin à l'autre, Lloyd nota la présence d'un épais tapis au sol et un bout de mur vierge de tous meubles ou autres décorations de styles. Cela faisait trois endroits, avec le lit, qu'il pouvait utiliser pour ses futurs ébats.

Les pensées de Lloyd dérivèrent rapidement vers sa présence sur l'île, le pourquoi du comment qui lui tira son habituel sourire carnassier. Les présentations de la veille ne lui avaient pas permis de retenir les noms de chacun des hommes présents. Cependant, son goût immodéré pour – notamment – les beautés viriles n'avait pas été déçu. Lors de la présentation des tentateurs aux tentatés, Lloyd en avait profiter pour étudier les autres hommes qui s'étaient tenus à ses côtés. Il y avait de quoi bander.

- Il n'y a pas à dire, j'ai de quoi me rassasier pour tout mon séjour ici, murmura-t-il pour lui-même, sentant déjà cette sensation bien connue qui lui chatouilla le creux du ventre avant de se réfugier plus bas.

Il savait que les règles le limitaient à s'intéresser aux tentatés. Seulement, Lloyd ne se pliait jamais aux règles qui lui déplaisait. Il avait de quoi « chasser » des deux côtés. Il n'allait pas laisser passer une telle occasion parce que c'était les règles... il en était hors de question. Cela le fit penser à Kevan. Son ami. Et cela le fit rire. Kevan qui avait tenté de le restreindre dans sa recherche toujours plus approfondie de proies sexuelles. Lloyd aimait ça. Par-dessus tout. Et jamais il ne se laisserait mettre en cage pour ce que Kevan considérait comme un travers, quand bien même il était son ami et l'un des rares. Il se doutait bien qu'à cette heure, Kevan devait être vert de le savoir dans un tel lieu pour une émission qui allait lui offrir tout ce qu'il avait tenté de lui retirer.

Lloyd étira son long corps avec satisfaction avant de se diriger de son pas long et son souple vers la porte de sa chambre. Cette dernière donnait directement sur une sorte de couloir couvert ouvert sur l'arrière du bungalow. La vue de ce point, bien que la végétation fut la même, était plus luxuriante que sur le devant. Ne s'attardant pas plus que cela, Lloyd descendit les quelques marches qui le menèrent sur le sable. S'arrêtant sur la dernière marche, il s'y accroupit et se pencha pour prendre une poignée de sable. Aussi insaisissable que l'eau, les grains s'échappèrent d'entre ses doigts. Il adorait la sensation douce et granuleuse sur sa peau. Il se questionna alors sur l'effet que pourrait avoir d'une partie de jambes en l'air sur la plage. Il se perdit un moment dans l'imagination d'une telle situation et en tira la conclusion qui s'imposait naturellement à lui : c'était à faire (voire à refaire!). Descendant finalement sur le sable chaud et fin sous la plante de ses pieds, Lloyd ne se lassa pas de plonger ses orteils nus entre les grains avec une délectation toute enfantine. S'interrompant soudain, il jeta un regard alentour, s'assurant que personne ne l'avait surpris à agir de la sorte. Et surtout pas l'un des caméramans. Il ne devait pas se laisser aller. Ce n'était pas son genre et, après tout, ce n'était que du sable. Se reprenant, Lloyd coiffa ses multiples dreads en arrière tandis que se peignait sur son visage son habituel masque de suffisance.

Autour de lui, la végétation se mêlait au sable, lui-même mélangeait à la terre, en une masse odoriférante et luxuriante qui n'était pas sans lui rappeler l'épaisse forêt dans laquelle se nichait la luxueuse maison de Kevan. Lloyd soupirant et secouant la tête, faisant voltiger ses longues dreads autour de sa tête. Il n'était pas ici pour songer à Kevan. Mais plutôt pour le mettre de côté, l'oublier lui et ses remontrances, pour un moment bénéfique entre les cuisse de quelques adonis. Fourrant nonchalamment les mains dans les poches de son pantalon en lin beige, il se décida à faire le tour du bungalow histoire de se familiariser avec les lieux avant de partir à la rencontre de beaux jeunes hommes. Exécutant quelques pas lents, Lloyd ressorti l'une de ses mains pour triturer la cicatrice qui se cachait sous le tatouage de son œil. Il songeait à la direction qu'il lui faudrait ensuite prendre. Le coin gourmand lui sembla être une alléchante possibilité : il pourrait se sustenter, faire la cour aux hommes présents avec un peu de chance et en profiter pour se rendre plus familier avec les divers lieux qui lui serviront d'habitation pour le reste du séjour. Une pierre deux coups, en somme.

Lloyd reprit sa marche d'un pas lent et entama son tour du bungalow, contemplant encore la nature qui s'offrait à lui. *Un endroit de plus pour s'offrir quelques gâteries...*


[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]

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Lloyd avait foulé paresseusement le sable, les pieds presque dans l'eau. La mer lui avait semblé presque aussi paresseuse que lui. Le soleil lui avait tapé sur le crâne et lui avait fait pleurer les yeux par sa réverbération sur le sable. Il avait fini par rejoindre l'ombre bienfaisante de arbres autour du bungalow. Étrangement, il n'avait été suivi par aucun de ces nombreux caméramans. Quoique... filmer un tentateur rentrant mollement vers son bungalow, il n'y avait pas de quoi en faire une scène d'audimat ou de quoi exciter les foules. Il n'allait pas non plus s'en plaindre. C'était dans ces moments de solitude que Lloyd s’apercevait à quel point être filmé, suivi, pressé H24 par les caméras devenaient certes une routine mais était assommant et harassant. Bien que le staff ne leur demandait que de se faire du rentre-dedans les uns les autres avec une finalité intime ou sexuelle. Ou intime et sexuelle. U moment qu'ils obtenaient ce qu'ils voulaient, ils se foutaient pas du contenu et de ladite finalité. Lloyd aussi se préoccupait seulement de ses objectifs à atteindre mais le contexte rendait les choses plus... détestables ? Moins agréables en tous cas.

Lloyd retrouva la fraicheur de sa chambre avec délectation. Il se laissa choir de tout son long sur le lit qui s'avéra toujours aussi confortable. Il songea à son début de matinée et donc à Louis. Le personnage en lui-même était détestable et ne faisait vraiment aucun effort de sociabilité. Mais le personnage dans son global avait des atouts intéressants. A commencer par son physique. Lloyd eut une grimace inconsciente. L'humeur de chien de Louis avait de quoi refroidir toutes les ardeurs. Ce n'était certes pas ce qui allait arrêter Lloyd mais c'était un désagrément dont il se serait volontiers bien passé. Il ne demandait pas à ce que Louis écarte les cuisses pour lui sur l'instant mais – et bien qu'il était persuadé que cela finirait par arriver – Lloyd ne disait pas non plus non à un peu plus d'attitude positive chez cet homme. Au moins, il avait le mérite d'être clair quant à sa façon de penser sur les agissements et la façon d'être de Lloyd. Ce dernier émit un petit rire moqueur. Cela pouvait s'avérer très amusant de faire plier Louis. Cela pouvait s'avérer aussi être l'enfer sur terre mais dans sa confiance aveugle en lui-même, Lloyd ne l'envisagea pas une seule seconde. Les mains croisée sous la tête, Lloyd laissa ses pensées vagabonder tout en contemplant vaguement le plafond boisé de sa chambre. Il avait dépassé un autre homme en quittant la terrasse. Il n'avait pas vraiment pris le temps de le contempler. Ce qui était loin d'être dans ses habitudes. Il fallait aussi dire qu'il avait été pressé de procéder aux soins quotidiens de ses dreadlocks. Lloyd se redressa vivement. Le temps de renter au bungalow et il avait déjà oublié le pourquoi du comment de son retour. Quittant à regret l'épaisse couette qui avait pris la forme de son corps et l'avait agréablement chauffé, il s'agenouilla près de son sac dans lequel il farfouilla un instant. Il était persuadé d'avoir mis la lotion là... Pourtant, impossible de mettre la main dessus. Son sac avait subi tant de retournements durant le voyage que Lloyd en avait perdu son sens de l'orientation bagagesque. Le produit se trouvait ben et bien à sa place mais à l'opposé de l'endroit que Lloyd avait retenu (avant son voyage). Il entreprit de modifier ses recherches et en ressortit finalement fièrement ledit produit. Tout en se redressant, Lloyd fit un tour sur lui-même en cherchant du regard l'habituelle porte menant à la salle de bains. Il semblait que sa chambre ne possédait pas sa propre douche. Lloyd rit. Les douches étaient communes. Un moyen de plus pour le staff de surprendre deux protagonistes à la recherche d'un lieu d'ébats. Quoi de mieux qu'une douche pour aguicher les sens. La vapeur, la chaleur, l'eau ruisselante... En y songeant, Lloyd sentit une réaction incontrôlée et purement masculine le prendre au bas-ventre. L'imagination de la situation avait de quoi être excitante. Très excitante.

Lloyd se pencha à nouveau sur son sac et en sortit une petite serviette de toilette tachée. C'était celle qu'il utilisait toujours lors de ses soins et les nombreuses gouttes de lotion en avait taché le tissu épais. Lloyd se débarrassa prestement de sa chemise qu'il abandonna sur un coin de lit. Il s'étira avant de quitter sa chambre, pieds et torse nus, serviette sur l'épaule et produit de soins entre les mains. Il hésita quelques instants dans la galerie ouverte du bungalow. Plusieurs portes s'ouvraient de part et d'autre de sa propre chambre. Il repéra finalement le logo indiquant les douches sur l'une des portes et s'y avança.

Les douches étaient vides. Plutôt vaste, la salle était joliment carrelées. D'anti-glissant au sol et de faïence sur les murs. En face de la porte, s'imposaient trois lavabos surmontés d'un long miroir à bonne hauteur. Un petit couloir s'ouvrait sur la gauche et donnait sur plusieurs douches à peine séparées les unes des autres par un fin rideau opaque.

« Sympa l'intimité », songea Lloyd, amusé.

Il s'installa à l'un des lavabos. Il avait appris à faire ses soins lui-même mais ce n'était pas ce qu'il y avait de plus pratique. Habituellement, c'était Kevan qui s'en occupait volontiers. Cela lui permettait de ne pas avoir à se tordre les bras dans tous les sens, de risquer de se mettre du produit partout sur lui ou dans les yeux et c'était très agréable de se laisser aller entre les mains de quelqu'un d'autre. Sauf que là, Lloyd n'avait personne à qui confier ses dreadlocks et son cuir chevelu.