Nuit d'été

Voici un trés court texte que j'aime beaucoup... Il me rappelle une certaine periode de ma (courte) vie...
je l'ai réutilisé dans le roman que je suis en train de terminer...

Nuit d'été :

La chaleur étouffante de la journée fait place à la douceur du soir. Tout devient très différent. Un nouvel éclairage qui donne une nouvelle atmosphère. La lumière blanche de la journée devient jaune puis orange et enfin, elle éclate dans un magnifique rouge sombre qui embrase tout.
Quand on marche dans la rue, on peut voir les gens assis sur les marches devant leur maison ou sur un banc le long de la route. Aucune voiture ne vient polluer cette ambiance à cette heure ci. Les gens me regardent passer le sourire aux lèvres, eux aussi apprécient ce moment.
Les enfants courent dans la rue et manquent de me renverser mais il n’y a aucune colère en moi, je me retourne en riant et les suis du regard alors qu’ils continuent leur jeu.
Quelques cyclistes passent pédalant lentement vers un but que eux seuls connaissent et je m’imagine parmi eux, roulant jusqu'à ce que la nuit ait finalement recouvert toute la ville. On irait jusqu’au parc qui est un peu plus bas, on boirait un verre en se racontant des histoires, un moment hors du temps. Et puis on repartirait, on irait descendre cette rue que tout le monde connaît où les bars restent ouverts jusqu’au lendemain matin.
Mon regard croise celui de deux jeunes filles qui discutent appuyées contre un mur. Elles se taisent et me regardent passer, un signe de la main, un sourire et je suis reparti.
Le ciel est si clair que je peux presque me perdre dedans. Les nuages donnent l’impression de se désagréger lentement au rythme du temps qui passe. Le rouge devient de plus en plus sombre, bientôt il fera nuit noire. Et pour tout le monde une étape jusqu'au lendemain matin. Une nuit de sommeil, de rêves agités ou une nuit sans rêve peut-être.
Je passe devant une table où sont réunis quatre vieillards qui jouent aux cartes, cigarette en bouche et verre posé devant eux. Plus loin, en me retournant je peux voir le bout rouge de leur cigarette briller doucement et je peux entendre leurs cris et leurs rires. Devant moi il y a une grande avenue bordée d’arbres gigantesques aux pieds desquels on trouve des bancs occupés par des couples qui s’aimeront en silence jusqu'à ce que le froid de la nuit les rattrape. En passant je peux entendre les mots qu’ils se glissent à l’oreille et les promesses qu’ils ne tiendront peut-être pas mais, c’est le moment idéal, celui où on pense qu’on est ailleurs et que tout est possible. Je souris et je me demande si quelqu’un le remarque.
Bientôt c’est la fin de la première partie de mon voyage. La boutique approche, les gens se font de plus en plus rares de ce côté de la ville. A l’entrée je m’arrête quelques instants, je me colle contre le mur et m’allume une cigarette.
Je regarde la fumée monter vers le ciel. Je regarde dans la rue, le chemin que je viens de parcourir. Les bancs, les arbres, les voitures arrêtées sur le bord de la route. J’entends toujours les cris des enfants et des vieillards mélangés. Je jette le mégot de ma cigarette et je rentre dans la boutique.
Puits de lumière, pendant un instant tout vacille devant mes yeux et puis je m’habitue. Sur ma droite, je prends une bouteille de vin, le même que d’habitude et je m’approche du comptoir.
De retour dehors, la nuit est finalement tombée complètement. Sur le chemin du retour, les bancs sont vides, les amoureux sont partis. Les arbres sont plus menaçants, leurs branches se balançant nonchalamment dans l’air doux de cette calme nuit d’été.
La table de jeu est vide ainsi que les verres et les cendriers eux, sont pleins. Chaque chaise est posée contre la table.
Les voitures dorment toujours à leur place. Les vélos ont bien disparu et les enfants sont rentrés chez eux. Je suis maintenant seul, bientôt une autre sorte de faune envahira ces trottoirs. Même les deux jeunes filles se sont évanouies dans cette nuit noire qui recouvre la rue. La lumière des réverbères se fait attendre et tandis que j’ouvre la porte de mon appartement, j’entends dans mon dos le ronronnement caractéristique qu’émettent les lampadaires qui s’allument