Appart d'Imagase

[<-- Appart d'Otomo Kyoichi]

Oui, bon. Il était en colère. Mais n'importe qui le serait ! Kyoichi sempai ... il ne comprenait rien.

Et pourtant, il ne pouvait pas s'empêcher de l'aimer, de l'aimer tellement... C'était tellement frustrant ... Il était là, lui, il l'aimait à s'en faire péter la cervelle s'il le fallait, et pourtant, Kyoïchi l'ignorait. Alors qu'il pourrait le rendre heureux, il en était certain ... C'était impossible autrement.. Il l'aimait trop, il n'avait pas envie de le faire souffrir.

Il s'alluma une cigarette. Il se moquait bien d'attraper un cancer, il fallait qu'il soulage ce stress... Ce stress qui durait depuis dix ans déjà.

Seigneur, pourquoi donc était-il tombé amoureux de lui ?

Son portable vibra, il sursauta. Un appel. De qui ? Otomo sempai, peut-être?

Il regarda l'affichage. Non, pas lui. Son copain du moment. Il soupira.

- Allô ? Oui. Là ? Ben, chez moi. ... Euh, ouais, pourquoi pas. Oui oui. A tout de suite.

Après tout, il ne voyait pas pourquoi il continuerait à avoir le coeur brisé pour un homme qui ne lui rendrait jamais son amour....

Voilà, il allait avoir rendez vous avec son copain, et pendant ce temps, il oublierait Kyoïchi ...

Il l'espérait...

[---> Café Hokkaido]

[<-- Café Hokkaido]

Une cigarette, vite. Oh non, son paquet était vide !! Non !!! Il lui fallait une cigarette.

Bon, bah s'il n'y avait pas de cigarettes, il le remplacerait par un bon bain chaud.

Ses mains tremblaient encore quand il tourna les robinets. Pourquoi, au nom du ciel, pourquoi fallait-il qu'ils en arrivent à se crêper le chignon à chaque fois qu'ils s'adressaient la parole ?

Il entra dans son bain.

Pourtant, ce n'était pas faute de l'aimer. Mais il ne le comprenait pas ; il prétendait, lui, qu'il ne l'aimait pas, et pourtant, il se montrait d'une jalousie terrible.
C'était qu'il l'aimait, non ... ?

Oh non, il valait mieux éviter l'espoir...

Ses yeux se fermèrent dans son bain.

Quand il se réveilla, Imagase avait la peau toute fripée.

- Ah, merde, grommela-t-il.

Il ne savait pas combien de temps il avait dormi comme ça, mais l'eau du bain était froide...

Il se releva, transi de froid, et éternua.

*Malade, en plus. C'est bien ma chance.*

Une fois habillé, il alla regarder son portable. Pas de message de Kyoïchi-sempai. Il soupira. Un instant, il eut envie de balancer son portable dans la pièce, mais ça ne servait à rien.

Bon, de toute façon, il fallait qu'il rencontre un client. Il s'habilla - en noir - et sortit de l'appartement.

[--> Rue]

[<-- Cinéma]

Imagase se laissa tomber plutôt qu'il ne s'assit sur son canapé. Sa clope était entièrement fumée ; se redresser pour l'écraser dans le cendrier lui parut un effort considérable. Il se laissa retomber aussitôt.

- Kyoïchi-sempai, imbécile...

Il pleuvait, dehors, il pleuvait à verse. Imagase se mit à rire nerveusement.

- Le ciel pleure pour moi...

Ses yeux restaient désespérément secs. C'est ce qu'il y a de pire avec la douleur, quand elle ne veut pas sortir...

La tête contre l'accoudoir du canapé, il fixait le plafond.

Alors, c'était fini, réellement fini ? Bon ...

- Puisque c'est comme ça, je vais lui faciliter la tâche.

Il se leva et prit son téléphone pour faire changer son numéro de portable. Comme ça ...

- Kyoïchi-sempai...

Cette fois... s'il voulait le joindre... il lui restait sa carte de visite... son numéro professionnel ... uniquement.

Deux heures après, il le regrettait déjà.

*Et s'il avait essayé de m'appeler ?*

Enfin, il fallait être réaliste. C'était impossible. Et puis, il ne voulait plus continuer comme ça. C'était trop dur ... Il avait toujours tellement envie de lui, et Kyoïchi-sempai s'arrêtait toujours au moment le plus crucial. S'il ne pouvait pas l'avoir, ni son corps, ni son coeur, alors à quoi ça servait, tout ça ? Même si parfois... quelques fois ... il avait eu l'impression que Kyoïchi tenait à lui ...

D'un geste rageur, il balaya tout ce qui se trouvait sur la table basse.

- C'est de l'histoire ancienne ! Du passé ! Il a choisi Natsuki !

C'est vrai, il avait dit lui même qu'il se retirerait sans rechigner. Une promesse était une promesse, n'est-ce pas ?

*Putain .... Me faudrait un backroom...*

Mais rien que ce mot lui rappelait des souvenirs de Kyoïchi ... quand il avait cherché sur internet sa signification...

- MERDE !!!

Il se déshabilla et s'enfouit dans son lit. Une loque humaine...

Le téléphone fixe qui sonna le réveilla. Plein d'espoir, il se précipita dessus, mais non. Ce n'était toujours pas Kyoïchi-sempai. Bien sûr, pourquoi il l'aurait appelé ? Il était avec Natsuki. Et il devait sans doute bien s'amuser. Depuis deux semaines...

Avec un soupir, il se recoucha. Autour de lui, la pièce était dans un capharnaüm monstrueux. Des papiers d'emballage de nourriture rapide traînaient partout, jonchés par ci par là de mégots de cigarettes à moitié écrasés, fumées jusqu'au filtre. Des fringues partout, et une odeur de renfermé et de tabac froid. Une apocalypse.

Imagase se leva. Jamais il ne s'était senti aussi amorphe. Pendant quelques mois, il avait cru toucher du bout du doigt ce dont il avait toujours rêvé, et en une soirée, ce rêve s'évaporait dans la nature sans laisser de trace ... juste des souvenirs amers.

*Il ne m'appellera pas. Je devrais surmonter ça.*

Le téléphone sonna une nouvelle fois, et cette fois, il décrocha.

- Allô.

Une voix vide et amorphe, mais son interlocuteur ne sembla pas s'en soucier puisqu'il continua à parler.

- Nan. Je reste ici.
"...."
- J'ai dit non. Je ne sors pas de chez moi.
"...."
- Toi, que tu viennes ? Certainement pas!
"...."
- ... Ok, c'est bon. J'ai compris. Oui oui, 15h devant la place de la fontaine. J'y serai....

Avec un soupir, il raccrocha. Qu'il était chiant, son ex ... Pourquoi il voulait absolument le tirer de sa léthargie ?
Enfin, il s'obligea à prendre sa douche et à ranger un poil l'appartement avant de sortir.

[--> Place de la fontaine.]

[<-- Scène spéciale du taxi x)]

Voilà, ils étaient arrivés ici, et Imagase n'en pouvait plus. Si Kyoïchi refusait maintenant, il ne réapparaîtrait plus jamais dans sa vie. Mais s'il acceptait... s'il acceptait, là...

Il se félicita intérieurement d'avoir eu l'idée de ranger l'appart avant de sortir... Même si Kyoïchi ne se serait sans doute pas formalisé, mais bon, c'était toujours mieux de le faire dans un appart propre, non ? Sur le parquet propre... Rien qu'à y penser, il en avait le coeur dans la gorge. Il avait envie de lui, là, tout de suite. Maintenant. Il ne pouvait penser à rien d'autre. Alors il referma en silence la porte derrière Kyoïchi, et à peine s'était-il retourné qu'ils s'embrassaient à nouveau, et il avait presque peur de lâcher ses lèvres, il avait peur que s'il le lâchait, il reculerait, il s'enfuirait, alors il le serrait plus fort, jusqu'à lui faire mal...

- Sempai, balbutia-t-il entre deux baisers.

Il n'avait pas envie de le violer. Il voulait que tout soit clairement établi entre eux deux, il voulait que Kyoïchi le fasse de son plein gré. Il voulait un signe comme quoi il était d'accord. Un hochement de tête, n'importe quoi. Il voulait être sûr que c'était une preuve d'amour que Kyoïchi lui offrait en acceptant de lui céder son corps.

- Je t'en supplie, dis-moi que tu es d'accord...

S'il ne l'étais pas... encore cette fois... ça serait... le pire du pire. Vraiment.

[On y est, on y est... Aaah...]


Ils étaient arrivés. A vrai dire Kyoïchi n'était jamais venu à l'appartement d'Imagasé, comme celui-ci venait toujours squatter chez lui... Il eut une sorte de pincement au coeur. En dehors de son amour, il ne connaissait pas grand chose d'Imagasé finalement... Tout ça parce qu'il n'avait pas su l'aimer... Mais il se rattraperait, aujourd'hui, demain, ce week-end...

Ils étaient à peine entrés, et ils continuaient à s'embrasser. Kyoïchi ne voulait plus perdre sa trace, parce que sans lui, il n'avait plus rien, Imagasé était la dernière chose à laquelle il pouvait s'accrocher...

"Je t'en supplie, dis-moi que tu es d'accord..."

Avait-il encore besoin d'une justification? Même si Kyoïchi avait refusé un nombre incalculable de fois, cette fois-ci était différente.
Pour toute réponse il se contenta de l'embrasser [HS : j'ai aucun perso doué en amour. xD] avec cette même impression : celle de gouter à ses lèvres pour la première fois.

Il se contenta de l'embrasser, mais après tout, est-ce que Wataru désirait quelque chose d'autre? Il lui montrait qu'il acceptait, et ça suffisait. Pour l'instant, ça suffisait. Ils verraient ensuite... Après...

Là, il ne voulait que lui, il ne pensait qu'à lui.... Le reste du monde avait disparu... Il ne prit même pas le temps de l'entraîner dans sa chambre ; il était déjà en train d'enlever sa cravate et de défaire les boutons de sa chemise, tout en l'embrassant.

- Sempai, bafouilla-t-il, la voix tremblant sous le coup de l'émotion. Sempai... Je t'aime ...

Le chemise et la cravate allèrent rejoindre le sol en parquet... et il se moquait bien que des gens puissent les voir depuis la baie vitrée... De toute façon, il pleuvait à verse, et l'eau troublait la vitre... Ils étaient dans leur monde....

Kyoïchi se sentait perdu. Il ne doutait pas de ses sentiments, c'était bien la dernière chose dont il pouvait douter, mais il n'avait jamais ressenti tout cela, il avait presque l'impression d'être un gamin qui éprouvait ses premiers émois et encore une fois, il affichait une sorte d'air gêné. Le jeune homme ne chercha pas à le changer, car il savait qu'Imagasé le connaissait assez pour passer outre cet air étrange.

Et en plus de tout ces sentiments, il ressentait un désir qui lui était inconnu. Il n'avait plus qu'Imagasé en tête, son nom, sa voix, son corps... Tout.

"Sempai... Je t'aime ..."

Et comme d'habitude, il ne répondit pas. Parce que c'était sûrement le dernier qui avouerait ses sentiments de cette façon. Le dernier des idiots aussi... Mais tant pis, à force, il s'était habitué même si il était conscient qu'il comptait peut-être trop sur Imagasé pour le comprendre. Mais il ne pouvait pas tout changer d'un coup...

Il enleva T-shirt de son amant et en passant une main dans ses cheveux. Il voulait rester auprès de lui, pour toujours...

[Désolée si Imagasé n'était pas habillé come ça.]

Leurs corps se touchaient, se frolaient, et encore une fois, Kyoïchi avait l'impression que c'était la première fois. Après tout ils avaient presque tout fait... Presque... Ne restait plus que... Mais il fut coupé dans ses réflexions par les caresses d'Imagasé. Lente torture, il frémit, ressera un peu sa main sur les cheveux de son amant, se rapprocha de lui, de son corps... de son coeur sûrement. Il sentait le sien battre dans sa poitrine, vite, trop vite. Chose qui ne fit qu'empirer lorsque le blond descendit plus bas. Un léger gémissement, il se mordit la lèvre. Son coeur était sûr de lui, son corps tatonnant, mais il ne reculerait plus, parce qu'il en avait envie, cette fois-ci...

Il se rapprocha un peu plus, il gouta une nouvelle fois à son souffle, à ses lèvres, à sa langue. Pour résumer il l'embrassa, semblant le chercher, un peu plus... Dans sa tête tout se précipitait. Il se souvenait d'une part, des mois précédants, et il pensait aux secondes futures. Pas à ce qui allait se passer une fois que tout cela serait terminé, ce futur-ci, il n'en avait pas besoin. Il ne voulait qu'Imagasé, le reste importait peu. Se rendant compte de ce qu'il venait de se dire, ses joues rougirent légèrement, il se nicha dans le cou de son amant.
Il aurait pu rester comme ça des heures... toute sa vie... Si il n'avait pas voulu plus...

Il avait eu peur que ce qu'ils faisaient ne soit pas du goût de Kyoïchi, mais la façon dont il se nicha dans son cou lui enleva la plupart de ses craintes, et les battements de son coeur s'accélérèrent encore, comme s'il allait exploser. Alors c'est ça ... depuis des mois, des années, il rêvait de ce moment, et maintenant, plus rien ni personne ne pourrait lui enlever.

Il ne pouvait plus attendre.

A portée de sa main, il y avait... une bouteille d'huile d'olive. Dans l'état de semi-conscience où il se trouvait, il n'y réfléchit pas deux fois et la saisit. Ce serait plus facile pour Kyoïchi... elle coula sur ses doigts, qu'il amena ensuite à l'endroit qu'il convoitait depuis si longtemps... il le prépara d'abord, bien sûr, mais il lui sembla que cet instant de préparation était une réelle torture, tant il avait envie de lui...

Il ne pouvait plus se retenir...

Il s'approcha de lui et le pénétra, les yeux fermés, se mordant la lèvre du bas, faisant attention à ne pas aller trop vite pour ne pas lui faire mal, mais physiquement incapable d'aller trop lentement, tellement il avait envie de lui. Il en avait envie, putain, et il était si proche du but, il ...

Il était en train de lui faire l'amour... un instant, il se demanda si son coeur n'allait pas lâcher à cause de tant de bonheur...

Kyoïchi était loin de le refuser en lui, et c'était tellement agréable ... Bien mieux que tout ce qu'il avait connu dans sa vie, d'ailleurs. C'était juste du plaisir à l'état pur, et chaque coup de rein qu'il donnait le confortait dans cette sensation - pas pensée, puisqu'il n'avait plus assez de lucidité pour penser clairement ; trop de plaisir, trop de bonheur, trop de tout.

Il le fit se retourner lentement, histoire de changer de position, et le pénétra à nouveau une fois que Kyoïchi fut de dos. Kyoïchi se laissait faire, comme toujours ; c'était lui qui menait la danse, comme on dit. Mais tout ce qu'il faisait, il le faisait pour que Kyoïchi aime ça. C'était son objectif principal, bien sûr que son propre plaisir - même si ça lui importait quand même.

De toute façon, rien que la sensation de son corps pressé contre le sien, de la sueur rendant leur peau glissante, de la chaleur qui les entourait, rien que ça suffisait à faire son plaisir.

Il entra encore plus profondément, encore plus loin, histoire de donner encore plus de sensations à son amant, pendant qu'il glissait ses doigts par dessus les siens.

Lui qui se disait que faire l'amour avec une femme était ce qu'il y avait de mieux au monde... Il n'était pas en train de devenir homosexuel, pas non plus bi, il n'y avait plus qu'Imagasé, les autres ne l'intéressaient plus. A Dieu Natsuki, Chikako, et compagnie. Chaque fois qu'il allait et venait en lui semblait tout effacer, peu à peu, ne laissant place qu'au plaisir.

Ils changèrent de position, Kyoïchi se laissa faire, gémit lorsque son amant le pénétra à nouveau, pencha légèrement sa tête en arrière et se cambra. Il était haletant, il avait chaud, il se sentait bien. C'était presque trop beau pour etre vrai, c'était grisant, c'était... si seulement un mot pouvait le décrire.
Il voulait le sentir d'avantage en lui, qu'ils ne fassent plus qu'un bien que ce soit techniquement impossible, ce à quoi Imagasé répondait, s'introduisant plus profondément et lui arrachant, de temps à autres de gémissements de plaisirs.

Il tourna légèrement la tête, lui arracha un baiser, il ne tiendrait plus longtemps...

C'était de plus en plus intense au fur et à mesure, il le sentait... ses doigts étaient crispés, et le fait de voir Kyoïchi se cambrer pour en recevoir encore plus, décidément, c'était.... déjà jouissif. Déjà orgasmique alors que ce n'était que le début, et qu'ils avaient toute la nuit devant eux ...

- Kyoïchi sempai, murmura-t-il, ça va?

Jusque là ça n'avait pas l'air d'aller trop mal, c'était évident, mais il préférait s'en assurer, après tout, Kyoïchi n'était pas expérimenté là-dedans.

Enfin.... même si ça n'allait pas, il voyait mal comment il aurait pu s'arrêter, au point où il en était maintenant.... il avait l'impression que son bas-ventre était en feu, et chaque mouvement lui donnait envie de crier de plaisir... du coup, il devait se mordre les lèvres, et se contenter de haleter, le corps en sueur...

- Sempaï...

Il aurait préféré que Kyoïchi ait son orgasme en premier, mais parti comme il était, il n'allait pas pouvoir se retenir longtemps, c'était certain....

Kyoïchi sentait les mains d'Imagasé se refermer sur les siennes. Chose qui le rassura, lui montrant qu'ils partageaient les mêmes sensations, qu'ils ressentaient la même chose.

"Kyoïchi sempai, ça va?"

Avait-il vraiment besoin de lui poser la question...? Un léger sourire se dessina sur ses lèvres.

- Ca... ça va... murmura-t-il à son tour.

Sans le vouloir, sa voix était douce et rassurante. Il ne savait pas pourquoi, on aurait dit que quelqu'un d'autre venait de parler à sa place. De toute façon, dans son état, il ne savait plus si il était bien lui-même, et il s'en foutait pas mal. Son cerveau était embué, et pourtant c'était probablement une des meilleures chose qui lui soient arrivées, et unes des plus agréables.

"Sempaï..."

Il se sentait venir, de plus en plus, encore quelques secondes... douce torture... Plus que quelques secondes... De toute façon, il était tôt... Et puis...

- Imagasé... je...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il ponctua par un gémissement de plaisir non retenu... Phrase qui aurait pu se terminer par "je t'aime", ou "je vais jouir", au choix.
Quel putain d'orgasme il venait d'avoir... Au moins il ne dirait plus "j'ai eu un orgasme en pensant à Imagasé", il dirait "j'ai eu un orgasme avec Imagasé". Il se laissa tomber sur le ventre, haletant, il reprenait son souffle...

De toutes les sensations qu'il n'avait pas encore expérimenté jusqu'à maintenant était celle là : sentir Kyoïchi jouir dans ses bras. Et la sensation fut tellement incroyable, l'entendre gémir tout contre lui, comme ça, qu'il ne put se retenir pour longtemps. Il n'eut même pas le temps - et pas vraiment la volonté non plus - de s'écarter de lui, et se dire qu'il était en train de jouir à l'intérieur de lui ne fit qu'augmenter son plaisir.

- Hmmmm.... Kyoïchi-sempai...

Est-ce qu'on pouvait dire qu'il avait atteint l'un des buts de sa vie ? En tout cas, il avait cette impression... Et se dire que tout commençait, c'était juste trop bien.
Il ne voulait pas se retirer de Kyoïchi, il avait envie de partager sa chaleur pour tout le temps. Il le serra dans ses bras et respira son odeur, si ému qu'il en était presque au bord des larmes. Puis il se retira de lui doucement et le regarda, et l'embrassa, et toucha son visage, comme s'il ne pouvait pas croire qu'il avait vraiment fait ça avec lui.

- Je t'aime...

Jamais une phrase n'avait pris autant de sens dans sa bouche.

Moment d'apaisement, moment de tendresse, c'était presque trop beau. Allait-il se réveiller en sursaut et constater à nouveau qu'Imagasé avait déserté son appartement? Ou allait-il simplement continuer sa vie en ayant l'impression de vivre dans un rêve perpetuel?

"Je t'aime..."

- Je t'aime...

Il fut lui-même surprit des mots qu'il avait prononcés. Lui qui était sûrement le dernier à reconnaître ses sentiments - c'était déjà le cas avec les femmes, alors avec Imagasé, n'en parlons pas. Mais cette fois c'était sorti tout seul, naturellement, il ne s'était pas posé de questions. Peut-être que la différence était là... Peut-être juste qu'il l'aimait. N'était-ce pas normal de lui dire? Même à ce moment il réussissait à se poser de questions. Quel crétin il faisait...

Et puis il se retourna, et l'embrassa, passant une main dans ses cheveux. Ne plus le quitter, rester ici pour toujours, regarder la pluie qui coulait le long des vitres. N'était-ce pas un joli rêve...?

Certes, il l'avait dit. Mais de là à attendre une réponse, c'était une autre histoire. Aussi resta-t-il stupéfait devant l'aveu de Kyoïchi, incapable d'y croire.

- Tu quoi?

Peut-être qu'il avait mal compris, quoique dans un pareil moment, ça aurait été étonnant. Mais enfin, non, il ne pouvait pas s'être trompé, et Kyoïchi avait bien dit qu'il l'aimait. C'était la première fois. Il ne pensait même pas qu'il l'entendrait un jour, et le mot lui faisait d'autant plus d'effet qu'il ne s'y attendait pas.

- Ah, murmura-t-il, heureux, avant que Kyoïchi passe la main dans ses cheveux et l'embrasse. Merci.

"Merci", ce n'était pas trop un mot à dire quand quelqu'un vous disait "je t'aime", mais enfin, c'était sorti de sa bouche tout seul ; il le remerciait d'avoir enfin répondu à ses avances, et d'avoir comblé en deux mots tous ses rêves de bonheur.

"Merci."

Merci... Alors qu'il l'avait fait souffrir depuis le lycée? Alors qu'il avait préféré fermer les yeux plutôt que de voir la vérité? Alors qu'il s'était conduit comme un crétin? Alors que... La liste était longue. Très longue. Trop longue. Il se sentait con tout d'un coup... Il s'en voulait, un peu, beaucoup. Une nouvelle fois il se nicha dans son cou. Etrangement il s'y sentait bien.

- Pardon, murmura-t-il.

Puisqu'il arrivait à lui sortir tout - petit mot qui contenait un "je t'aime" plein de sens - ce qu'il n'avait réussi à dire jusqu'à aujourd'hui, autant continuer dans sa lancée. Et "pardon" semblait le mot le plus approprié. Jamais deux sans trois, quel serait le futur?
Cependant il était tojours heureux. Heureux d'avoir fait quelque chose qui lui tenait à coeur, heureux d'être avec Imagasé en ce moment, heureux parce qu'il se foutait de tout sauf de Lui, heureux... Là aussi la liste était longue, mais cette fois-ci dans le bon sens.

Après le merci, venait le pardon. Imagase savait bien pourquoi il disait pardon, mais là, en cet instant, il lui semblait que tout ce qu'il avait pu endurer depuis l'université, et aussi ces derniers mois, leur relation entrecoupée de disputes, ça n'avait plus d'importance. Forcément, puisque Kyoïchi lui avait dit "je t'aime".

Oh, il le connaissait, il savait bien qu'il se laissait entraîner par n'importe qui, et il savait qu'il préférait être passif - voire spectateur - là où quelqu'un d'autre aurait attendu plus d'initiatives de sa part, et il savait que n'importe quelle fille qui passerait avec l'intention ferme et définitive d'emporter Kyoïchi avec elle pourrait bien réussir, et ce serait sans doute la fin, mais il savait aussi que justement, à cause de ça, il fallait qu'il profite de ce moment, qui serait sans doute éphémère. En ce moment, Kyoïchi était rien qu'à lui.

Il le serra contre lui à nouveau, et l'embrassa, et joua avec ses cheveux. Il était tellement fou de lui qu'il était certain que si Kyoïchi pouvait connaître seulement un dixième de ce qu'il ressentait, il prendrait peur. En ce moment, il aurait voulu le tenir prisonnier dans ses bras, tout le temps.