Tome 1:Après l'excellent All my darling daughters paru chez Casterman il y a quelques années, la mangaka Fumi Yoshinaga nous revient enfin en France aux éditions Kana avec sa toute dernière oeuvre en date.
Au cours du 17ème siècle, une étrange épidémie meurtrière a rayé du Japon une grosse majorité de la population masculine. Suite à cela, les femmes, largement plus nombreuses que les hommes, ont pris le pouvoir. Le shôgun est désormais une femme, et a à sa disposition un pavillon regroupant les plus beaux hommes du pays...
A travers cette uchronie, Fumi Yoshinaga nous propose d'entrée un titre pour le moins très original. La mangaka va alors, dans ce premier tome, prendre plaisir à nous présenter, à travers l'arrivée dans le pavillon d'un nouvel individu, les différentes règles régissant la vie dans ce pays dominé par les femmes, et plus précisément les habitudes et coutumes au sein du pavillon des hommes, avec juste ce qu'il faut de liaisons et de ragots. L'ensemble est détaillé avec précision, raconté posément et est bien amené, si bien que cette réalité alternative paraît très réaliste et crédible, ce qui est clairement l'un des gros points forts de ce début de série. Mais s'il fallait chipoter, on pourrait signaler que l'on s'y perd parfois au niveau des personnages et de leur rôle, si l'on n'est pas assez attentif durant la lecture.
Mais si vous pensez que la mangaka va s'arrêter à cette description, vous faites fausse route ! Car au fil du volume, Yoshinaga nous révèle, avec l'arrivée du nouveau shôgun Yoshimune, un scénario surprenant qui gagne peu à peu en ampleur. En effet, Yoshimune, rejetant le luxe excessif du pavillon et devant faire face à des problèmes financiers, se montre bien différente des précédents shôgun et est décidée à transformer cet endroit regroupant inutilement de nombreux hommes...
En plus de cela, la mangaka laisse ouvertes plusieurs pistes pour poursuivre son récit, si bien qu'il paraît difficile de prévoir, après ce premier volume, la tournure que va prendre le manga.
Au niveau des dessins, c'est du tout bon. Le coup de crayon de Yoshinaga paraît assez épuré grâce à sa grande finesse, mais se montre très travaillé, précis et expressif, et les détails sont présents quand il le faut. Au final, il se dégage de l'ensemble une grande clarté et un côté assez élégant.
Avec ce premier tome, le Pavillon des hommes s'annonce comme une excellente surprise, très originale et assez imprévisible. Espérons que le deuxième volume, sorti en même temps que le premier, confirmera cette très bonne impression.
Au niveau de l'édition de Kana, traduction et impression sont dans la moyenne haute de ce que nous propose habituellement l'éditeur. On sera ravi par les pages en couleurs au début et à la fin du tome, et par une couverture soignée. Enfin, notons que les deux premiers volumes sont proposés jusqu'en décembre au "prix chouchou" de 5,50€ au lieu de 7,35€... Avec tout ceci, il serait dommage de ne pas se laisser tenter par cette série qui s'annonce très intéressante.
Tome 2:Dans ce deuxième volume, on change de personnages principaux et d'époque, puisque Fumi Yoshinaga effectue un bond dans le passé pour revenir sur les origines du pavillon des hommes, six ans après l'époque de la variole du Tengu, la terrible épidémie qui a décimé la population masculine. A cette époque, le peuple ignore encore que le shôgun Lemitsu est mort, et que Kasuga no Tsubone, sa nourrice qui l'adorait, l'a remplacé par sa fille illégitime dans le but de prolonger la dynastie des Tokugawa.
C'est dans ce contexte qu'Arikoto, un jeune moine accompagné de deux de ses serviteurs, vient présenter les hommages de l'empereur au shôgun. A ce moment, il ignore encore qu'il ne quittera plus jamais l'enceinte du palais pour être retenu prisonnier sur ordre de Kasuga, qui a remarqué sa beauté et a vu en lui un potentiel compagnon pour sa protégée. Arikoto va alors devoir se résigner face aux méthodes cruelles et radicales employées par l'entourage du shôgun pour qu'il accepte de rester.
Une toute nouvelle vie débute alors pour ce qui est le personnage principal de ce deuxième volume. Arikoto ne tarde pas, par la suite, à rencontrer le shôgun et devient l'une des rares personnes à savoir qu'il s'agit en réalité de la fille de Lemitsu. La rencontre entre les deux individus ne se fait pas sans heurts, du fait de la personnalité très caractérielle de la jeune femme, couvée depuis des années par Kasuga. Mais petit à petit, tout en découvrant la vie des hommes à la cour et devant faire face aux ragots, aux coups bas et aux ambitions de certains de ses membres, Arikoto va découvrir en la personne du jeune shôgun une jeune fille qui a dû faire face à de nombreux drames depuis que Kasuga l'a arrachée à sa mère, et tandis que les deux personnages se comprennent de mieux en mieux et se rapprochent l'un de l'autre, le lecteur parvient à cerner peu à peu la personnalité complexe de la jeune femme.
Entre l'inhumanité des uns et les ambitions des autres au sein de la cour, Fumi Yoshinaga développe à merveille ses personnages tout en nous faisant découvrir les origines du pavillon des hommes. A la fin de ce deuxième tome, on comprend beaucoup mieux ce qui a amené la création du pavillon et comment cette création s'est déroulée, et l'on ne peut qu'être ébloui par la cohérence et la grande profondeur que Yoshinaga donne à son récit en lui offrant de multiples facettes, si bien qu'on a presque l'impression que les évènements décrits se sont réellement déroulés. Quant aux dessins et à la narration, ils sont toujours aussi posés et n'en font jamais trop.
Ce deuxième volume confirme que le Pavillon des hommes est un un titre à tiroirs bourré d'originalité, au scénario en béton armé, cohérent d'un bout à l'autre et qui ne cesse de gagner en profondeur. Si les volumes suivants sont du même acabit, alors on tiendra ici assurément un véritable bijou.
L'édition de Kana est toujours aussi soignée, et l'éditeur nous propose en fin de volume un petit récapitulatif plutôt sympathique de la carrière de la mangaka.
Ca, c'était l'avis posé.
Maintenant... Kyaaaaaaaaaah, trop bien ce manga !!! *o* *o* *o* Surtout le tome 2 !!! La jeune shôgun est choupi *o* *o* *o* Et pour les amatrices de Yaoi, avec un tel scénario, y a forcément pas mal de sous-entendus X3